lundi 19 août 2013

[Chronique] Barbe bleue d'Amélie Nothomb


Barbe bleue
Amélie Nothomb

180 pages
ALBIN MICHEL
22 août 2012
16.50€

4ème de couverture:
"La colocataire est la femme idéale"

L'avis de Julie {en quelques mots}:

J’avais beaucoup entendu parler de ce roman et plus particulièrement de son auteur dans la presse. C’est pourquoi je me suis lancée dans Barbe Bleue sans trop savoir à quoi m’attendre vu que la 4ème de couverture reste plutôt vague. Serait-ce une reprise du célèbre conte de Charles Perrault ou quelque chose de totalement différent ?

Ce qui m’a le plus marqué dans ce roman c’est incontestablement le style d’écriture d’Amélie Nothomb. D’une fluidité étonnante et entraînante elle nous embarque dans son roman et nous fais vivre cette aventure avec elle sans que l’on voit le temps passer.

Barbe bleue m’a un peu retournée le cerveau dans tous les sens avec des réflexions philosophiques poussées (que j’avoue ne pas toujours avoir réussis à suivre jusqu’au bout du premier coup). Néanmoins elles restent vraiment intéressantes et nous propose un point de vue différent sur des sujets auxquels je n’aurais pas vraiment pensé. Bref, en cas d’insomnie vous aurez de quoi réfléchir toute la nuit.

Les personnages sont travaillés d’une manière incroyable. Fidèles à eux même du début à la fin, j’ai presque eu l’impression de faire leur connaissance en chair et en os. Et puis je dois dire que Amélie Nothomb a su me stresser tout au long du roman parce que la question qui se pose est quand même : jusqu’où s’inspirera-t-elle de la version originale ? Vous voulez la réponse ? Et bien bonne lecture alors ! 

Vous l’aurez compris j’ai adoré ! Ma note 4.5/5

Extrait:
" Quand Saturnine arriva au lieu du rendez-vous, elle s'étonna qu'il y ait tant de monde. Certes, elle s'était doutée qu'elle ne serait pas l'unique candidate ; de là à être reçue dans une salle d'attente, où quinze personnes la précédaient, il y avait de la marge.
«C'était trop beau pour être vrai, pensa-t-elle. Je ne l'aurai jamais, cette colocation.» Comme elle avait pris sa matinée, elle résolut néanmoins de patienter. La magnifique pièce l'y invitait. C'était la première fois qu'elle entrait dans un hôtel de maître du VIIe arrondissement de Paris et elle n'en revenait pas du faste, de la hauteur sous plafond, de la tranquille splendeur de ce qui constituait à peine une antichambre.
L'annonce précisait : «Une chambre de 40 m2 avec salle de bains, accès libre à une grande cuisine équipée», pour un loyer de 500 €. Il devait y avoir une erreur. Depuis que Saturnine cherchait un logement à Paris, elle avait visité des bouges infects de 25 m2 sans salle d'eau, à 1000 € le mois, qui trouvaient preneur. Quelle embrouille cachait donc cette offre miraculeuse ?
Elle contempla ensuite les candidats et s'aperçut qu'il s'agissait seulement de candidates. Elle se demanda si la colocation était un phénomène féminin. Ces femmes semblaient toutes très angoissées et Saturnine les comprenait : elle aussi brûlait d'obtenir cette chambre. Hélas, pourquoi serait-elle choisie plutôt que cette dame à l'air si respectable ou que cette businesswoman au brushing impavide ?
Sa voisine, qui l'observait, répondit à sa question :
- C'est vous qui l'aurez.
- Pardon ?
- Vous êtes la plus jeune et la plus jolie. Vous aurez l'appartement.
Saturnine fronça les sourcils.
- Cette expression ne vous va pas, continua l'inconnue. Quand vous entrerez dans le bureau, soyez plus détendue.
- Laissez-moi en paix.
- Ne vous fâchez pas. N'êtes-vous pas au courant de la réputation du maître des lieux ?
- Non.
La femme se tut d'un air mystérieux, espérant que Saturnine mendierait l'information. Saturnine se contenta d'attendre, sachant qu'elle parlerait de toute façon. Dont acte :
- Nous ne sommes pas les premières à nous présenter. Huit femmes ont déjà obtenu cette colocation. Toutes ont disparu.
- Elles n'étaient pas contentes de la chambre, peut-être.
- Vous n'avez pas compris. Elles n'ont plus eu la possibilité de s'exprimer là-dessus : on n'a plus jamais entendu parler d'elles.
- Mortes ?
- Non. La mort n'est pas une disparition. La femme semblait satisfaite de l'effet produit.
- Pourquoi venez-vous alors ? demanda Saturnine. Voulez-vous disparaître vous aussi ?
- Je ne risque pas d'être choisie. Mais c'est la seule manière pour moi de rencontrer le propriétaire."


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