dimanche 2 mars 2014

[Chronique] L'Assommoir d'Emile Zola


L'Assommoir d'Emile Zola
Le tome VII de la saga des Rougon-Macquart
Chez Folio Classique
517 pages

L'Assommoir est paru en 1876 et, pour reprendre les termes de ma quatrième de couverture, a déclenché une nouvelle bataille d'Hernani. Il a fortement divisé les journalistes et critiques littéraires de l'époque. Pour ma part, mon avis est catégorique (mais c'est peut-être parce que je l'écris toute seule !).

Ce roman naturaliste pose la question suivante sur l'Homme : jusqu'où peut aller la déchéance de l'être humain ?
L'histoire est celle de Gervaise, une jeune femme de 22 ans au début du livre. Elle a deux enfants, Claude et Etienne, et a rejoint Paris avec Lantier, leur père mais avec qui elle n'est pas mariée. Quittée par celui-ci, elle est seule pour nourrir ses enfants et exerce le métier de blanchisseuse. Elle ne tarde pas à se marier avec Coupeau, un zingueur (un ouvrier qui travaille à poser du zinc sur les toits). Celui-ci est droit et honnête et tous deux mènent une vie agréable. Mais, après un accident qui l'a tenu immobilisé des mois durant, Coupeau devient de plus en plus oisif et se met à boire, faisant progessivement couler la blanchisserie de Gervaise. On assiste peu à peu à la déchéance des personnages, à leur abêtissement. Gervaise sombre peu à peu dans l'apathie et l'alcool, ne distinguant plus le bien du mal et se souciant uniquement de manger.

Gervaise, qui est le personnage principal de ce livre en raison de son appartenance à la "dynastie" des Rougon-Maquart, est très attachante, jusque dans sa déchéance. Elle représente la faiblesse, et celle-ci la consumme progressivement. De concession en concession, même impalpables, elle s'éloigne de son idéal de jeunesse et n'attend plus que la mort. Son mari, Coupeau, représente lui aussi une sorte de faiblesse. Après son accident, il ne parvient plus à se reprendre en main et sa paresse le conduira à la mort.

Cette fresque est impressionnante et représente fidèlement le Paris des bas-quartiers de l'époque, le mauvais (comme les Lorilleux, parents de Coupeau et incarnations de l'avarice) comme le bon avec Gouget, amoureux transi de Gervaise, qui jusqu'au bout est bon et honnête, et Lalie, petite fille déjà femme par son courage.
Le but de ce roman pour l'auteur de se placer aux côtés du peuple en montrant la dureté de ses conditions de vie. L'alcool a une grande place de ce roman et son titre, L'Assommoir, est d'ailleurs le nom d'un bar où était fabriqué du vitriol et qui est témoin de la déchéance de Coupeau et même de Gervaise.

Ce livre est un coup de coeur pour moi. Au contraire d'être ennuyeuse, la description minutieuse du Paris de l'époque et des conditions de vie de ses habitants est très intéressante. Je me suis facilement attachée aux personnages, pour lequels (pour la plupart) je ressentais de l'empathie.
Quand je lis un roman d'Emile Zola - j'ai aussi lu La fortune des Rougon, qui est le premier tome de la saga, et Thérèse Raquin - je ne peux m'empêcher d'être à la fois horrifiée et fascinée. C'est un sentiment assez étrange mais que j'apprécie - et là c'est vraiment étrange -, c'est un des ces romans qui me mettent mal à l'aise parce que je suis emportée dans ma lecture et que je souffre et que je suis heureuse en même temps quand je lis.

Pour finir, c'est un livre que je vous recommande. Ne vous laissez pas impressionner par son titre de "classique" et n'allez pas croire - comme je l'avais cru - qu'il est assommant. Ou alors il l'est, mais dans le bon sens du terme ! Et dites-moi si vous vous êtes sentis mal à l'aise comme moi, et si vous en avez lu de semblables, je suis preneuse !

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